Tandis que le pouvoir royal met la main sur la Bourgogne, les habitants du secteur ne changent pas. Ils travaillent toujours pour remplir les caisses des nobles et le changement des hauts seigneurs relance l'activité économique de la région.

François Ier vient lui-même à Argilly qui reste le centre d'une châtellenie rayonnante et forte. Les seigneurs locaux sont relativement aisés et, en tout cas, satisfaits de leur sort.
Certains sont issus de familles anciennes et la chute de la Grande Bourgogne des ducs Valois n'a pas empêché leur ascension. Bien au contraire, en l'absence du haut seigneur détenant les revenus de la châtellenie d'Argilly (la famille de Guise, liée au pouvoir royal), ils ont toute liberté pour régner sur leurs domaines.

(François 1er)

Antilly, Cussigny, Quincey se développent et s'embellissent. Les dépenses et les recettes s'équilibrent, permettant même l'apparition de nouveaux fiefs et de châteaux. Le temps est à l'activité des tuileries, des travaux agricoles et forestiers. L'argent ainsi obtenu permet une ascension sociale relativement rapide.

Les querelles de religion, éclatant en guerre durant la Ligue, ne sont qu'un mauvais épisode que le temps tentera de rattraper. Le château d'Argilly est rasé durant cette période et ne se relèvera pas. La châtellenie continue pourtant en restant une source de revenus plus qu'honorables. Quelques réorganisations se font, sur ordre du roi Henri IV, permettant de repartir sur de nouvelles bases plus calmes.

(Henri IV)

La région est étudiée, des plans sont dressés et Martellange dessine le château en ruines d'Argilly, et celui renforcé d'Antilly en 1611.

(Dessin du château en ruines par Martellange)

S'ouvre alors une longue série de procès : les seigneurs successifs percevant les revenus de la châtellenie d'Argilly, les Conde puis les Conti, appliquant la politique de contrôle royal un peu plus strict qu'auparavant, n'arrivent pas toujours à se faire obéir des populations prises entre les impôts, les loups et les mauvaises saisons. Les petits seigneurs ont quelquefois eux aussi du mal à se faire respecter ou à faire valoir leurs droits.

Le temps est au mécontentement, les habitants du secteur n'entendant pas se laisser commander par des nobles récents qui, pour certains, n'ont pas leurs origines dans le secteur. Ceux-ci sont d'ailleurs plus souvent en ville et ne se servent de leurs domaines à la campagne que pour obtenir des rentes.

Ceci conduit à un laisser-aller de vagabonds ou autres, qui n'ont aucune envie de travailler pour un maître qui s'enrichit sur leur dos. Trois hommes et une femme commettent le sacrilège de voler des objets religieux de l'église d'Argilly en 1664. Les représailles
sévères sont demandées par le curé du lieu, mais aussi par les paroissiens du site et la Justice de Dijon. La mort des voleurs ne suffit pas à calmer un tel acte et, pour que cette affaire reste un exemple, une confrérie est créée, assurant ainsi une célébration annuelle. Un livre est même édité en 1688.

(Statue de St Pierre conservée à Argilly)

Mais, si les mauvaises intentions sont maintenant contenues, cela n'empêche pas le peuple d'être mécontent : les impôts sont trop lourds. Les nobles s'enrichissent et parviennent peu à peu à supprimer la relative liberté des gens du secteur. Tout leur revient de droit, et le temps qui passe ne fait qu'accentuer cette volonté oppressive.

Il est temps de trouver une nouvelle politique. Elle passe par une reprise en main des collectivités qui, surveillées, gèrent un peu plus strictement leurs intérêts. Dans le même temps, vers 1770, la région s'embellit : des ponts sont construits, les routes et les chemins sont entretenus voire créés. Une horloge est même achetée par la Mairie d'Argilly.

La situation économique pourrait se relever, petit à petit, mais les épidémies déciment les troupeaux dans toute la Bourgogne. Les mauvaises récoltes et les impôts pèsent toujours sur les mêmes, au profit des nobles qui refusent de participer à l'effort de redressement du royaume. Tout cela entraîne quelques mouvements de colère.

Les penseurs humanistes publient leurs idées politiques, plus justes pour le peuple et qui permettraient au royaume de retrouver sa grandeur déclinante. Le roi Louis XVI est conscient de l'issue possible et raisonnable mais son caractère indécis, source de lenteur, force le peuple à se manifester. La Révolution Française commence alors. La suite dans le livre !

(Louis XVI)

Extrait du livre d'Etienne Breton-Leroy. En savoir plus...